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En finir avec le 14 juillet

[OC] Aqueste article z-es mas en francés, per çò qu'es destinat au public solament francofòne. Pas de version occitana, desolat !

Je viens d'écouter la première partie de l'émission Le Grain de Son d'ATTAC63 sur la journée du 14 juillet, "Le 14 juillet c'est la fête de nous !" (notez que je vous conseille vivement d'écouter de manière générale cette émission).
Si je fais cet article aujourd'hui, et surtout si je m'abaisse à utiliser la langue française pour l'écrire (oui désolé, c'était un tacle gratuit), c'est justement pour parler de quelque chose qui me titille dans le mouvement social actuel, et qui est particulièrement visible dans celui clermontois. En effet, en tout bon anti-étatiste que je suis, j'ai de quoi critiquer ce qui a été dit par certains interviewés sur le sujet, mais surtout sur le fait d'organiser un "14 juillet social" en général.

Pour vous donner un peu de contexte, j'ai rejoint l'union syndicale Solidaires depuis peu. On ne peut pas dire que j'en soit le membre le plus représentatif, étant très nouveau, n'ayant pas encore eu le temps de m'impliquer davantage, et surtout étant actuellement sans emploi, et par conséquent sans syndicat propre, n'ayant toujours pas réussi à former une branche "précaires" au sein de l'US.
Malgré tout, j'ai assisté à quelques réunions, principalement celles concernant l'organisation de ce 14 juillet.
J'étais, au début en effet, assez réticent à l'idée de faire un "14 juillet social", mon anti-étatisme sonnant à tout va face à cette idée contradictoire. Cela m'a beaucoup étonné aussi que des personnes se revendiquant anarchistes présentes à ces réunions ne soient pas plus critiques face à ça. Mais après tout, me disais-je, il fallait que je mette de l'eau dans mon vin, je suis nouveau dans ce syndicat, je ne veux pas m'imposer plus que ça sans connaître pour le moment, etc, etc... J'y ai donc participé, un peu à tâtons, en essayant (en vain comme d'hab) d'y mettre un peu d'occitan (ça aurait été ça de prit). Mais je pense désormais qu'il s'agissait d'une erreur.
Car au final, qu'est ce que j'ai gagné en mettant de l'eau dans mon vin ? Rien, seulement un renforcement de l'idéologie nationaliste française. Bon "et alors ?" me diriez vous, "t'as quoi contre le 14 juillet en fait ?".

Le 14 juillet et la France

Le 14 juillet, fête nationale française selon wikipédia, commémore la prise de la Bastille en 1789 (et donc symboliquement, l'abolition des privilèges nobiliaires, même si en réalité, ce n'est qu'un symbole, et c'est plus complexe), ou la Fête de la Fédération de 1790, symbole de l'union de la nation française, rien n'est précisé en réalité sur si c'est l'un, ou l'autre, ou les deux. Malgré tout, dans l'inconscient collectif, il se rapporte bien plus au premier qu'au second, et le fait qu'il représente un instant révolutionnaire de l'histoire est l'argument principal de ses défenseurs à gauche.
Je ne me cache pas d'être révolutionnaire moi-même (même si je privilégie la voie pacifique lorsqu'elle est disponible), et d'être très heureux de l'abolition de la noblesse et de ses privilèges (bien que ce ne soit pas si terminé que ça...). Cependant, ramener la symbolique du 14 juillet et des éléments révolutionnaires seulement à cela, serait une erreur.

En effet, la France a bien évolué depuis 1789, et depuis 1879, date de l'instauration de la fête nationale. Déjà, il faut se rapeller que l'idéologie jacobine, le centralisme, et la notion "d'unité du peuple français" ne va pas de soi, et il en aurait pu être autrement lors de la révolution française (il ne faut pas oublier que de nombreuses personnes étaient pour une république décentralisée, et pas forcément pour unir de force tout les citoyens dans le carcan de l'identité française). Si les idées des républicains de 1789 étaient révolutionnaires pour l'époque, rapellons nous qu'elles ne le sont plus forcément de nos jours, et que finalement, les grands gagnants de cette révolution ont été la classe bourgeoise (même si il en aurait pu être autrement).
La France moderne s'est fondée justement en grande partie sur cette bourgeoisie, sa richesse sur son colonialisme et son impérialisme, et son centralisme n'est pas une invention républicaine, mais une continuation de ce que la monarchie d'ancien régime établissait déjà. Les symboles qu'on lui connait, le drapeau, l'hymne, la fête, la langue normalisée, etc, sont entachés par cette histoire, et en font partie intégrante. Ces symboles représentent cette histoire, et fermer les yeux dessus pour ne voir qu'un évènement historique (parmi tant d'autres) qui nous plait n'est pas une bonne chose.

La crasse étatique

Pourquoi le 14 juillet ? Avons nous fêté le 22 mars (je vous laisse chercher) ? Le 21 novembre ? La maknovchtchina pour être dans l'actualité (j'ai pas trouvé de date exacte) ? Ou mieux encore, le 19 juillet ?
Non bien sûr ! Nous sommes en FrÔnce que suis-je bête ! Là où même le mouvement social est national-étatique. Ici même une *Marseillaise fait frémir un trotskyste, et l'anarchiste lève les yeux un peu humides d'émotions quand il voit le Beau Drapeau Frônçais flotter au gré du vent. Nous sommes dans un état idéologique tellement déplorable que tout le monde s'attache mordicus à cet état-nation impérialiste, colonisateur et bourgeois, et me traite d'identitaire lorsque je parle de défendre des langues minorisées "les angues minorisées, oui, ailleurs, mais pas de ça en frônce, on parle le frônçais !" (je l'ai déjà réellement entendu de la part de personnes "de gauche"). "Oui mais la Révolution ! La Révolution !" va-t-on me dire. Oui, c'était bien la Révolution, mais c'est fini la révolution, en tout cas celle là. Là maintenant, il faut que le prolétariat, de tout pays, reprenne le dessus sur la bourgeoisie, et élimine enfin cette classe parasite. Il faut tourner la page de la révolution française, car c'était un évènement fort complexe et inscrit dans son époque, qui n'est plus la même que la notre. Et on peut l'apprécier cette révolution française ! Je n'ai rien contre d'ailleurs, comme je disais, il n'y avait pas que des jacobins centralisateurs à cette époque si mouvementée et complexe. Mais s'en revendiquer... C'est toujours se revendiquer à la France, qui a fait son temps et qu'on doit dépasser, je le pense en tout cas.
Et les franchimands pourront toujours hurler que "oui, mais tu nous parle d'avoir fait son temps, mais tu défend le patois quand même !", alors au delà de vous expliquer toutes les implications socio-linguistiques que cela a, je rapelle que l'idée incongrue de défendre les langues minorisées, et même l'idée d'occitan en elle-même, est bien plus moderne et récente que le bon vieux "imposons la langue unique et poussérieuse du roi à tout le monde". Tout comme penser une confédération socialiste et internationale des régions est bien plus moderne que "muh état nation centraliste".

LFI se prend un tacle (avec bonus)

J'avais juste envie de faire une courte partie sur LFI: Vous me cassez les couilles. Du moins le parti en général, pas les personnes dedans spécifiquement. C'est vous qui polluez de crasse étatique le mouvement social. Alors oui, en dehors de ça, je suis plutôt d'accord avec vos idées (même si ça reste trop soc-dem pour moi), mais en tant que plus gros parti à gauche actuellement, j'aimerais bien que vous grandissiez sur certaines choses. Quand je vois que des couillons stratosphériques comme Antoine Léaument se prennent pour les nouveaux sans-culottes, ça me fait cringe à un point que vous ne pouvez même pas imaginer.

Oh, et, EELV aussi, c'est certainement très jouissif de se prendre pour des radicaux devant le micro, mais il serait temps que vous le deveniez vraiment, radicaux, parce que c'est pas en plantant des navets qu'on organise la fin du capitalisme et la lutte climatique. C'est en faisant la lutte des classes, vous connaissez ?

(fin du chapitre où je balance des tacles)

"Oui euh moi, j'aime trop la convergence des luttes hihi"

Petite partie de nouveau pleine de sel, et plus recentrée sur l'émission en elle-même, ça me fume lorsque j'entends plein de monde parler de convergence des luttes. Je suis totalement pour, soyons clairs, et justement, ça me fume car malgré tout mes efforts pour justement politiser et faire converger la lutte occitane et pour les langues minorisées en général avec le reste, je me suis prit, au mieux des tapes dans l'épaule "c'est bien ce que tu fais cool ta vie", en moyenne des vents, et au pire des "sale identitaire". J'aimerais donc un petit peu moins d'hypocrisie sur ce sujet, ou alors assumez pleinement que vous n'êtes pas pour cette convergence. Moi je suis pleinement ouvert à la discussion, mais si les gens qui parlent de convergence des luttes continuent d'ignorer explicitement celle ci, je risque de devenir progressivement de plus en plus méchant sur le sujet. À bon entendeur.

Conclusion

Je ne sais pas conclure.
De toute façon cet article en est à sa première version, et continuera d'évoluer avec la diffusion des épisodes, et les retours critiques dessus. À noter aussi que je n'ai critiqué ici que mes désaccords, ce dont je n'ai pas parlé, je suis d'accord avec ce qui a été dit, mais je pense que ce sont des lieux communs, et je ne voit pas l'utilité de les mentionner dans un article qui parle du 14 juillet spécifiquement. En tout cas sachez que je vous soutient et que je continuerais de lutter avec vous sur ces sujets.